Où se situent les limites de la vie ? Existe-t-il un seuil moral à partir duquel la mort devient préférable ?

Dans ce premier épisode de notre série consacrée au Kidoush Hashem, Gabriel Abensour explore la signification profonde, les racines historiques et les implications morales de ce concept, central dans le judaïsme. Il commence par poser le cadre conceptuel en examinant l’usage de cette notion dans la tradition juive et son lien avec la préservation de la dignité divine, même au prix de la vie.

Pour illustrer cette tension entre vie et morale, Gabriel nous présente une mishna du traité Sanhédrin (8:7), qui aborde le cas du rodef – une personne qui poursuit une victime avec l’intention de lui nuire. La Mishna prescrit d’intervenir pour stopper l’agresseur, y compris en le tuant si nécessaire, avant qu’il ne commette son crime.

Tosafot et Rambam offrent deux interprétations divergentes de cette injonction, révélant une tension interprétative essentielle sur le rapport entre vie et morale. Selon les premiers, l’intervention vise à sauver l’agresseur lui-même. En l’empêchant de commettre une faute aussi grave, on le sauve d’une dégradation spirituelle qui rendrait sa vie indigne d’être vécue. Selon le deuxième, l’objectif principal est de sauver la victime. La mise à mort du rodef est une mesure extrême, mais nécessaire, pour protéger la vie de celui qui est menacé.