Dans le dernier épisode de notre série consacrée au Kidoush Hashem, Gabriel Abensour pose d’abord une question méthodologique : faut-il lire les écrits des maîtres du judaïsme en prenant en compte l’influence du contexte historique dans lequel ils évoluent ou bien faut-il les considérer comme un produit d’une pensée pure, intemporelle ?

Gabriel nous présente la pensée du grand Maïmonide, qui se trouve en opposition avec la doctrine ashkénaze du Kidoush Hashem. Le Rambam condamne sans hésitation l’excès de zèle et affirme qu’il faut à tout prix choisir la vie, même si l’on est forcés de transgresser les préceptes de la Torah, même si l’on est obligés de se convertir pour avoir la vie sauve.

Ces arguments seront repris deux siècles après par le Rivash, dans une Espagne devenue désormais catholique et plus intollerante. C’est le début de l’époque des marranes : les décisionnaires en terre sépharade vont s’appuyer sur des arguments halakhiques et théologiques pour valider ces conversions, en inscrivant dans la continuité de l’école de Rabbi Yshmaël. L’école de Rabbi Akiva reste néanmoins suivie, surtout en terre ashkénaze, en témoignant d’une tension persistante dans le débat sur la valeur de la vie.