Les quatre langages de rédemption sont quatre expressions qui apparaissent dans le livre de l’Exode, dans lesquelles l’Éternel promet à Moïse de faire sortir les enfants d’Israël d’Égypte.
Langues de rédemption et langues de consolation
לָכֵן אֱמֹר לִבְנֵי–יִשְׂרָאֵל אֲנִי ה‘, וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם מִתַּחַת סִבְלֹת מִצְרַיִם, וְהִצַּלְתִּי אֶתְכֶם מֵעֲבֹדָתָם, וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם בִּזְרוֹעַ נְטוּיָה, וּבִשְׁפָטִים גְּדֹלִים. וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם, וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים.
C’est pourquoi, dis aux enfants d’Israël : Je suis l’Éternel, et Je vous ferai sortir de dessous les fardeaux de l’Égypte, Je vous sauverai de leur servitude, Je vous délivrerai avec un bras étendu et par de grands jugements. Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu
Ces expressions sacrées incarnent les quatre étapes du processus de rédemption d’Égypte, depuis la cessation du labeur oppressant jusqu’à l’élection du peuple d’Israël comme nation consacrée. Lors de la nuit de Pessah, les quatre langages de rédemption sont représentés par les quatre coupes de vin que l’on boit durant le Seder. Chaque coupe symbolise une étape distincte du cheminement de l’esclavage vers la liberté : la première coupe évoque « Je vous ferai sortir », la deuxième « Je vous sauverai », la troisième « Je vous délivrerai », et la quatrième « Je vous prendrai ».
En ces temps de deuil, de conflit et de souffrance, nous proposons des paroles de consolation pour accompagner les coupes du Seder, témoignant d’une foi active en une consolation future et en un renouveau tant physique que spirituel. Les quatre prières de consolation proposées ci-dessous puisent leur essence dans quatre expressions tirées de Jérémie :
מֵרָחוֹק ה‘ נִרְאָה לִי; וְאַהֲבַת עוֹלָם אֲהַבְתִּיךְ, עַל–כֵּן מְשַׁכְתִּיךְ חָסֶד. עוֹד אֶבְנֵךְ וְנִבְנֵית, בְּתוּלַת יִשְׂרָאֵל: עוֹד תַּעְדִּי תֻפַּיִךְ, וְיָצָאת בִּמְחוֹל מְשַׂחֲקִים.
De loin l’Éternel m’est apparu ; et Je t’ai aimée d’un amour éternel, c’est pourquoi je t’ai attirée avec bonté. Je te rebâtirai encore, et tu seras rétablie, vierge d’Israël ; tu te pareras encore de tes tambourins, et tu sortiras au milieu des danses joyeuses.
À l’image des langages de rédemption qui expriment les étapes de la libération d’Égypte, les langages de consolation de Jérémie articulent les phases de guérison et de reconstruction.
De loin l’Éternel m’est apparu — Prière pour la paix
Cette prière s’adresse à l’Éternel comme source primordiale de paix et implore de percevoir Sa paix même lorsqu’elle semble infiniment distante. La prière incarne la conviction profonde que, semblable à la lumière de l’aube qui s’élève graduellement et s’intensifie, comme l’évoque le verset des Proverbes concluant la prière, l’âme humaine doit s’attacher avec ferveur à l’espérance même au cœur des ténèbres les plus profondes.
רִבּוֹן הָעוֹלָמִים, אַתָּה שָׁלוֹם, וְשִׁמְךָ שָׁלוֹם וְכָל אֲשֶׁר לְךָ שָׁלוֹם. יְהִי רָצוֹן שֶׁתְּלַמְּדֵנוּ לָלֶכֶת בִּדְרָכֶיךָ וְלִרְאוֹת גַּם מֵרָחוֹק אֶת שְׁלוֹמֶךָ. וּבִזְכוּת אֱמוּנָתֵנוּ וְהִשְׁתַּדְּלוּתֵנוּ תַּעֲבִיר אֶת חֶשְׁכַת הַמִּלְחָמוֹת מִן הָעוֹלָם וּכְבוֹד ה’ עָלֵינוּ יִזְרַח. כַּכָּתוּב: אֹרַח צַדִּיקִים כְּאוֹר נֹגַהּ, הוֹלֵךְ וָאוֹר עַד נְכוֹן הַיּוֹם.
Souverain de l’univers, Tu es la paix, Ton nom sacré est paix, et tout ce qui émane de Toi est paix. Puisse volonté soit nous guider dans Tes voies et nous permettre de discerner, même depuis les lointains, la lumière de Ta paix. Par le mérite de notre foi inébranlable et de nos efforts constants, daigne dissiper les ombres des guerres qui assombrissent le monde, afin que la gloire de l’Éternel resplendisse sur nous. Ainsi qu’il est écrit : « Le sentier des justes est semblable à la clarté rayonnante, dont l’éclat va croissant jusqu’à la plénitude du jour. »
Je t’ai aimée d’un amour éternel — Prière pour la guerison de l’âme
Cette prière contemple l’amour divin comme une force sacrée préexistante à la création, source de guérison et d’élévation spirituelle. Elle dialogue avec le verset d’Osée (11: 4) « Je les ai attirés avec des liens d’humanité, avec des cordes d’amour », qui dépeint l’amour tels des liens délicats par lesquels l’Éternel rapproche l’être humain de Sa présence, et fait écho à la tradition mystique qui perçoit dans l’amour le dessein originel et profond de la création du monde.
אַהֲבָה מִקֶּדֶם יָצַרְתָּ, וְאֶת רָזֶיהָ לִבְנֵי אֱנוֹשׁ הֶעֱנַקְתָּ, לְהוֹלִיכָם בְּאַרְצוֹת הַחַיִּים, לְרוֹמֵם רוּחַ שְׁפָלִים וּלְהַחֲיוֹת לֵב נִדְכָּאִים. מַה נִּפְלָאָה אַהֲבָתְךָ ה’, בְּחַבְלֵי אָדָם תִּמְשְׁכֵנוּ, בַּעֲבֹתוֹתֶיהָ תְּקָרְבֵנוּ. וְלֹא תָמוּשׁ אַהֲבָתְךָ יוֹמָם וָלַיְלָה, לְהָאִיר דַּרְכֵּנוּ בַּשְּׁבִיָּה וּלְשַׁחְרֵר נַפְשֵׁנוּ מִכָּל צָרָה וְצוּקָה.
Tu as créé l’amour aux prémices de toute chose, Tu as révélé ses mystères aux enfants d’Adam, pour les guider vers les contrées de vie, pour élever l’esprit des humbles et raviver l’âme des affligés. Ô combien admirable est Ton amour, Éternel, par des liens d’une infinie tendresse Tu nous attires, par des cordes invisibles Tu nous rapproches de Ta présence. Jamais Ton amour ne se dérobe, ni au jour ni dans la nuit, illuminant notre chemin dans les méandres de la captivité et libérant notre être de toute affliction et de toute angoisse.
Je te rebâtirai encore — Prière pour les otages et les endeuillés
Cette prière s’inspire de la prière « Av haRahamim » (Père de miséricorde) récitée lors du Shabbat dans les communautés ashkénazes, en mémoire des martyrs juifs à travers les siècles. Cette supplique implore la libération des captifs et leur rétablissement tant physique que spirituel, ainsi que celui de l’ensemble du peuple d’Israël.
אַב הָרַחֲמִים, שׁוֹכֵן בַּמְּרוֹמִים, בְּרַחֲמֶיךָ הָרַבִּים הָקֵם כָּל בֵּית יִשְׂרָאֵל מֵאֲבֵלָם. פְּצוּעֵינוּ רְאֵה וְרַפְּאֵם, וְהָשֵׁב אֶת שְׁבוּתֵנוּ, לְהוֹצִיאָם מֵחֹשֶׁךְ וְצַלְמָוֶת. כִּי אַתָּה הָרֹפֵא הַנֶּאֱמָן לִשְׁבוּרֵי לֵב וּמְחַבֵּשׁ לְעַצְּבוֹתָם. וּמֵחֻרְבָּנֵנוּ תָּקִימֵנוּ, וּמִכְּאֵבֵנוּ תְּנַחֲמֵנוּ, וְתִמְחֶה אֶת דִּמְעוֹתֵינוּ. כַּכָּתוּב: בַּיּוֹם הַהוּא, אָקִים אֶת-סֻכַּת דָּוִיד הַנֹּפֶלֶת; וְגָדַרְתִּי אֶת-פִּרְצֵיהֶן, וַהֲרִסֹתָיו אָקִים, וּבְנִיתִיהָ, כִּימֵי עוֹלָם.
Père de toute miséricorde, qui résides dans les sphères célestes, dans Ta compassion infinie, relève la maison d’Israël de notre deuil profond. Contemple nos blessés et accorde-leur Ta guérison, ramène nos captifs à la lumière, pour les arracher aux ténèbres et à l’ombre mortelle. Car Tu es le guérisseur fidèle des cœurs brisés et Celui qui panse leurs plaies avec tendresse. De nos décombres Tu nous redresseras, de notre affliction Tu nous consoleras, et Tu essuieras toute larme de nos visages. Comme il est proclamé : « En ce jour, Je relèverai la demeure chancelante de David ; Je comblerai ses brèches, Je redresserai ses ruines, et Je la rebâtirai comme aux jours d’autrefois. »
Tu te pareras encore de tes tambourins — Prière pour le retour à la vie
Cette prière fait écho à la prière Nahem, « console », récitée l’après-midi du deuil du 9 Av. Elle demande la consolation pour les habitants des régions meurtries par les conflits actuels – les communautés frontalières de Gaza et les terres du nord. Fidèle à la vision des prophètes, cette consolation est évoquée comme la renaissance de la vie et de la joie, succédant à une période de désolation et de lamentation.
נַחֵם ה’ אֱלֹהֵינוּ אֶת אֲבֵלֵי צִיּוֹן, אֶת אֲבֵלֵי הָעוֹטֵף הֶחָרֵב, וְאֶת אֲבֵלֵי הַצָּפוֹן הַשּׁוֹמֵם, וּתְמַלֵּא יִשּׁוּבֵינוּ, קִבּוּצֵינוּ, מוֹשָׁבֵינוּ וְכְפָרֵינוּ בִּילָדִים וִילָדוֹת מְשַׂחֲקִים, זְקֵנִים וּזְקֵנוֹת מְאִירֵי פָּנִים. וְשָׂם מִדְבָּרָם כְּעֵדֶן וְחָרְבוֹתֵיהֶם כְּגַן ה’, שָׂשׂוֹן וְשִׂמְחָה יִמָּצֵא בָּהֶם תָּמִיד, תּוֹדָה וְקוֹל זִמְרָה. כַּכָּתוּב: רְבָבָה כְּצֶמַח הַשָּׂדֶה נְתַתִּיךְ וַתִּרְבִּי וַתִּגְדְּלִי וַתָּבֹאִי בַּעֲדִי עֲדָיִים.
Console, ô Éternel notre Dieu, les endeuillés de Sion, les endeuillés des terres méridionales dévastées, et les affligés du nord désolé. Puisses tu faire refleurir nos cités, nos kibboutz, nos moshavs et nos villages, qu’ils résonnent à nouveau des rires d’enfants qui s’ébattent, qu’ils s’illuminent des visages radieux des anciens. Transforme leurs étendues désertiques en jardins d’Éden, leurs décombres en vergers de l’Éternel, que l’allégresse et la jubilation y demeurent à jamais, que s’y élèvent sans cesse les chants de gratitude et les mélodies de louange. Ainsi qu’il est proclamé : « Je t’ai fait prospérer comme la végétation des champs ; tu as grandi en splendeur, tu t’es épanouie en beauté, et tu as atteint l’âge de la parure parfaite. »