Cet article examine les treize attributs de miséricorde divine (middot) récités dans les selihot pendant les Yamim Noraïm. Ces attributs, tirés du livre de l’Exode1 sont traditionnellement considérés comme une « formule secrète » pour obtenir le pardon divin, selon une promesse divine rapportée dans le Talmud.

L’auteure révèle une tension fondamentale : la version liturgique des treize attributs est tronquée par rapport au texte biblique original. Le texte complet mentionne que Dieu « ne pardonne pas entièrement » et « rappelle la faute des pères sur les enfants jusqu’à la quatrième génération » – des éléments omis dans la liturgie des selihot car jugés inappropriés pour une demande de pardon.

L’analyse linguistique et contextuelle démontre que ces attributs ne décrivent pas originellement la miséricorde divine, mais plutôt la fidélité de Dieu au pacte fait avec le peuple d’Israël. Le terme hessed, souvent traduit par « bienveillance », signifie en réalité « loyauté contractuelle » dans le contexte d’alliance. Les attributs reflètent ainsi la logique des traités du Proche-Orient ancien : récompense pour les fidèles, punition pour les rebelles, obligations s’étendant aux générations futures.

Moïse invoque ces attributs non pour demander une grâce exceptionnelle, mais pour rappeler à Dieu ses engagements contractuels envers les patriarches. Le pardon accordé ne concerne pas les pécheurs individuels qui sont punis, mais la préservation du peuple d’Israël en tant que collectivité liée par l’alliance.

L’article conclut en distinguant deux modèles de teshouva : le modèle biblique collectif basé sur l’alliance communautaire, et le modèle rabbinique individuel centré sur la pénitence personnelle. Cette dualité explique pourquoi la confession des selihot utilise la forme collective (« nous avons péché ») et replace l’expérience spirituelle dans la continuité générationnelle du peuple juif.

  1. Exode, 34:6-7. ↩︎